J’ai demandé au président du syndicat de se prêter à l’exercice de dire à quoi va ressembler 2024. En tant que développeur Web SEO et constructeur de SAAS en Afrique et en Europe, Ricardo AHOUANVLAME a un CV qui le rend totalement légitime dans la position qu’il a pris dans cette discussion. Nous avons parlé de marché, d’opportunités et de compétences.
Je vous ai déjà parler de SAAS dans l’un des derniers articles. Pour faire court, ce sont des entreprises qui vendent des produits digitaux dans le genre logiciel ou application mobile, comme des services. SAAS veut dire Software As A Service.
D’après Ricardo, la première choses à regarder en 2024 c’est le marché. Tout dépend du marché. Comme vous le savez, le marché Ouest-africain est différent du marché Est-africain, et différent du marché de la zone MENA et différent du marché du sud de l’Afrique. De la même façon, le marché de la zone francophone Ouest-africaine est aussi différent du marché de la zone anglophone Ouest-africaine. On peut continuer à trouver des ramifications jusqu’à la zone la plus petite qui soit.
Pour se concentrer sur le marché local (Zone CFA), il faut préciser que ce n’est pas parce que nous avons des liens historiques avec la France que notre marché technologique se ressemble. Ce n’est pas les mêmes besoins du tout. En Europe ou aux USA, il y a des SAAS comme Canva, Stripe, et tout ce qui se fait actuellement en Intelligence Artificielle ou en création ou gestion des réseaux sociaux, qui se créent et qui connaissent une belle croissance. Créer des outils comme ça sur notre continent et pour notre continent sera comme parier sur de faibles pronostiques… pour le moment.
La réalité sur notre marché est que les gens ont faim et ne sont prêts à payer que pour des services qui leur permette de manger ou de résoudre leurs besoins primaires. Pour avoir l’attention des utilisateurs dans notre contexte actuel, il faut créer un SAAS qui permette aux gens de gagner de l’argent ou de gagner en efficacité sur leurs tâches au quotidien. Notez quand même que ce qui marche le mieux, ce sont les solutions qui permettent aux gens de gagner de l’argent.
Alors que les constructeurs de SAAS français réfléchissent sur des sujets comme la Civic-tech et la Fintech, les béninois ou ivoiriens réfléchissent sur des SAAS qui transforment les habitudes des gens. On va parler de transformation réelle et réaliste des habitudes des gens. Quand on prend l’exemple de l’éducation, il s’agira d’observer les différents processus de transmission de connaissance et de régulariser ou redynamiser des axes de cette éducation. La même approche peut s’appliquer dans le domaine des transports (comme avec Gozem), dans le domaine de la restauration ou dans le domaine de la santé ou de la Finance (Comme avec KKIA Pay, Feda Pay).
Voilà à quoi ressemble notre écosystème actuellement.
Dans le dernier trimestre de 2023, beaucoup de produits ont été lancé dans la Fintech. La Fintech reste un secteur assez particulier parce que le plus dur n’est pas de construire un produit ou de résoudre un problème. Le plus dur est la régularisation du produit Fintech que vous construisez. Malheureusement vous et moi connaissons beaucoup trop de produits qui ne sont pas régulariser et qui meurent dans l’œuf.
Pour en venir à 2024, les types de SAAS qui verront le jour seront dans l’Intelligence Artificielle, dans le transport et dans la Civic-tech. Il y a énormément de choses qui pourront se faire sur le marché africain dans sa globalité et dans plusieurs secteurs, même dans les administrations et dans le domaine de la religion.
Avec tout le buzz autour des startups, il y a beaucoup de personnes qui s’y lancent sans réellement savoir ce qu’ils font. Ils y vont à l’aveugle, sans prérequis, sans réelles connaissances des bons procédés. Ils font juste des choses et s’en sortent comme ils peuvent. C’est ça la beauté de l’entreprenariat.
Voici quelques compétences clefs pour la réussite des SAAS en 2024.
Les développeurs ne sont pas la ressources la plus utile des SAAS qui veulent devenir prospères. Tout le monde peut développer. Si développer des produits rendait riche les gens, alors les plus grandes fortunes serait des indiens ou des pakistanais. Je dis ça parce que c’est eux qui détiennent les plus grosses entreprises en termes de staff technique.
Marketing
La première compétence dont on a besoin quand on est dans le SAAS est dans le marketing. Les vrais marketeurs qui font du Marketing 360° sont rares sur le marché. Les meilleurs sont surbookés et il ne reste que ceux qui ont suivi deux ou trois formations sur Facebook et Google et qui mettent de jolies photos sur LinkedIn en se clamant spécialistes du Marketing 360°. Oui, je vous juge ! Ici je parle de personnes qui maitrisent le SEO, le SEA, le marketing de l’influence, l’affichage média et parfois même le Street marketing.
Vendeurs
Ensuite les SAAS ont besoin des Sales (Vendeurs). On aura beau avoir un produit sexy, il faudra le vendre.
SAV
Après les vendeurs, il faut l’équipe Support pour faire le SAV (Service Après-vente).
« Un produit efficace, c’est un produit qui satisfait les gens. »
Ricardo AHOUANVLAME
Les habitudes digitales étant nouvelles dans notre écosystème, il faut que l’équipe Support soit au quotidien avec les utilisateurs pour les guidés pas à pas vers leur acte d’achat et pour être sûr qu’ils sont satisfaits de leur expérience avec le produit.
Product Manager/ Product Owner
Une autre compétence cruciale est celle de la Gestion de Produit. Je veux parler des Product Owners et des Product Manager. C’est eux qui ont la responsabilité du produit, qui doivent accompagner le développement et la vente sur les différents segments de marché.
Voici ma conclusion :
Quand vous proposez des solutions pour notre marché, n’allez pas juste copier les tendances américaines ou européennes. Ce n’est pas parce que tout le monde aux USA fait l’IA que vous allez faire fortune dans l’IA en Afrique. Vous aurez un bon produit avec une bonne technologie mais pas assez de client (sinon pas du tout) pour que votre SAAS soit rentable. Toutefois, notre marché y viendra aussi à coup sûr.
Si vous n’avez pas les bons profils et les bonnes connaissances, vous n’irez pas bien loin avec votre SAAS. Ceci est le jour 43.
Cet article fait partie du Challenge des 100 jours d’écriture que je fais actuellement. J’ai créé une chaîne WhatsApp pour partager chaque jour les articles. J’aborde plusieurs thématiques, toutes tournant autour de l’entreprenariat, de la culture générale, des opportunités, des écosystèmes et d’épanouissement personnel. Si vous êtes curieux et que vous voulez voir de quoi il s’agit, cliquez sur le bouton en bas. A bientôt de l’autre côté.