Lorsque nous parlons d’industrialisation de l’Afrique, il y a un point très intéressant que nous oublions souvent d’aborder. Est-ce par manque d’intérêt pour le sujet ? Est-ce que personne n’a encore vu le danger imminent que cela représente ? Dans tous les cas, j’en parlerai aujourd’hui et j’espère que cela atteindra les personnes qui peuvent réellement se pencher dessus.
Cet article concerne les composants électroniques. Pendant des années et des années, nous avons entendu dire ceci :
L’Afrique à toutes ces chances de participer activement à cette révolution numérique.
Les gens
C’est vrai que ce continent à toutes ses chances. Par contre, ce n’est pas totalement vrai que tous les pays du continent y arrivent. Je touche du bois. Les pays qui n’y arriveront pas vite, ce sont les pays qui pensent que le numérique concerne uniquement les applications mobiles et web. Il est vrai que beaucoup d’efforts sont en train d’être faits pour que tous les jeunes africains puissent comprendre l’informatique et même coder. s/o aux Fablabs, Incubateurs et autres tiers lieux d’innovation. Ce zèle observé pour le coding pourrait changer les choses surtout dans la réduction de la pauvreté, du chômage et de l’inégalité des genres. Mais cela ne suffira quand même pas. Voici quelques insuffisances que j’ai relevé :
1- Les logiciels oui, mais où?
Il n’y aura pas assez d’appareils par habitant pour contenir toutes les applications. Les téléphones, lorsqu’ils ne sont pas chères, ils ne peuvent contenir qu’un nombre limité d’applications. Une fois que vous avez installé les applications de Facebook, Instagram, Snapchat, etc, il n’y a plus de place pour installer d’autres applications. Si les téléphones étaient fabriqués localement, ils seraient plus accessibles par leur coût.
D’un autre côté, pour la plupart des startups qui proposent des applications comme solution, c’est difficile de trouver un modèle économique viable sur le long terme. La raison est simple, le public africain n’est pas habitué a payé pour des services digitaux et non tangibles comme des logiciels.
2- Tout le monde veut devenir codeur mais personne ne veut fabriquer du matériel.
Lorsqu’on observe bien l’économie des pays qui sont leaders du numérique, on remarque qu’ils ont tous commencé par le matériel. Ils ont des industries bien développées pendant que chez nous au Bénin, a part l’industrie agro-alimentaire, il n’y a plus vraiment quelque chose à voir. Il faut bien que les logiciels restent dans un appareil, non ? Le Nigéria, le Ghana et dernièrement le Rwanda l’ont bien compris. Personne ne peut prétendre devenir leader dans le logiciel s’il n’est pas sûr que son logiciel soit installé sur un appareil ; et cette assurance, un jeune entrepreneur ne peut pas l’avoir à ses débuts. Les téléphones chinois, américains ou européens que nous utilisons viennent avec des applications préinstallées et gagnent des utilisateurs même sur le marché Africain. Quel type de concurrence peut-on faire dans ce cas ? On n’est même pas sûr d’avoir de la place dans le téléphone de nos futurs utilisateurs.
3- Les composants sont trop chères pour le commun des inventeurs
Pour revenir aux composants électroniques, je n’arrive pas justifier pourquoi ils sont autant chers et pourquoi aucune action concrète de démocratisation n’ait été entreprise jusque-là. Il n’y a pas presque pas de hackathon, de concours et de foires pour les solutions matériels africaines. Les outils du MIT que beaucoup de Fablabs utilisent ne sont pas suffisants. Ces outils sont destinés à de l’expérimentation et à l’éducation. Ils sont importants certes, mais pour de vrais projets, on aperçoit ses limites et on se sent toujours obliger de commander beaucoup de pièces en Chine ou ailleurs.
De quelle révolution numérique parle-t-on ?
Il faut des centres de recherche équipés dans nos universités et dans nos villes. Les fablabs sont un bon début mais ils peinent tous à trouver des modèles économiques qui marchent sur la durée. Et sans argent, l’innovation reste un prototype.
Vers qui devons-nous nous tourner à présent entant qu’entrepreneur ou acteur du numérique africain ? Vers les dirigeants ? Les investisseurs privés ou publiques ? Vers nous-même ?
N’oublions pas : « Le numérique n’est pas que le logiciel, c’est aussi le matériel »
Laissez vos différents commentaires pour que je nous continions la réflexion ensemble. N’hésitez pas à partager avec vos connaissances.